Description
Le site : la tourbière de la Verrerie sur les hauteurs de Burzet
La tourbière de la Verrerie se situe sur le plateau ardéchois, sur la commune de Burzet. Elle s’étend sur environ 11 hectares et fait partie du haut bassin de la Loire, côté Atlantique de la ligne de partage des eaux. Le bassin versant de la tourbière est de taille assez réduite et majoritairement boisé (plantations résineuses et hêtraies sapinières).
L’intérêt environnemental de la tourbière de la Verrerie a été mis en évidence par de nombreux inventaires qui ont conduit le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes à en devenir propriétaire afin d’en assurer la gestion (restauration des milieux, suivi des espèces) et la valorisation. Parmi les plantes qu’elle abrite, citons en particulier la cordulie arctique, la droséra à feuilles rondes ou encore le damier de la succise.
Ce site est aussi marqué par une histoire industrielle dès le XVIIème siècle, dont la tourbière tire son nom : une verrerie forestière. Sous l’impulsion de la seigneurerie de Burzet, l’activité verrière s’est déployée jusqu’en 1760 environ, pour la fabrication de verre de gobelèterie et à vitre, grâce à toutes les matières premières naturelles disponibles sur place : silice, potasse, bois, tourbe et eau. Les ruines sont aujourd’hui encore visibles aux abords de la tourbière.
« Sur le plateau ardéchois, à plus de 1000 mètres d’altitude, les conditions climatiques et hydrologiques ainsi que des pratiques agricoles adaptées ont favorisé le maintien des tourbières (appelées aussi narces ou sagnes) qui font partie intégrante de l’identité de ce territoire. Souvent décrites comme d’immenses « éponges », les tourbières jouent un rôle hydrologique essentiel : elles sont capables de stocker l’eau pendant les périodes pluvieuses, ce qui concourt efficacement au rechargement des nappes phréatiques et/ou à la prévention des inondations en aval. En période sèche, les tourbières se vident lentement, garantissant un débit minimum dans les rivières situées en aval et constituent des zones de pâture appréciables pour les troupeaux. Ces milieux regorgent de richesses naturelles insoupçonnées : ils hébergent de nombreuses espèces protégées qu’ils s’agissent de plantes, d’oiseaux, de papillons, de libellules ou encore de grenouilles. Ce sont aussi des championnes du stockage de CO2, ce gaz à effet de serre qui participe au changement climatique.
L’artiste HENRIQUE OLIVEIRA
Né en 1973, Henrique Oliveira quitte sa ville natale d’Ourinhos (Brésil) en 1990 pour étudier les arts visuels à l’université de São Paulo. Passant des territoires de la peinture, à ceux de l’architecture ou de la sculpture, les œuvres d’Henrique Oliveira explorent la nature originelle de matériaux pour en redéfinir leurs usages ordinaires. Son travail a été présenté dans le cadre de nombreuses expositions personnelles à travers le monde.
L’œuvre OUROBOROS
La figure de l’Ouroboros a été la source d’inspiration de cette œuvre d’Henrique Oliveira. Ce terme énigmatique ne trouvera écho que dans les oreilles de certains historiens ou archéologues. Ce qu’il désigne parlera pourtant à tout le monde tant cette figure est présente dans nombre de cultures tout autour du globe : un serpent ou un dragon se mordant la queue et formant ainsi un anneau. Tantôt symbole du cycle du temps ou des saisons, de l’enceinte et de la protection, du danger, de la renaissance, de l’unité, du mouvement, elle est cette forme qui tourne sur elle-même. Si Henrique Oliveira a choisi de ne pas faire de sa sculpture une représentation littérale du serpent, il puise à foison dans cette richesse symbolique.
De ses multiples œuvres qu’il a présentées à travers le monde, on lui connaissait déjà l’emploi d’une technique particulière qu’il affectionne particulièrement : l’assemblage de lamelles de bois usagé – notamment issus des Xilempastos, palissades de protection de chantier typiques au Brésil, son pays d’origine – grâce auxquels il réalise des sculptures brutes de grand format ou des installations in situ. Jouant ici une matérialité toute organique, la forme serpentine apparaît pour la première fois dans son travail pour nouer un dialogue fécond avec le site. Dès sa découverte de la tourbière, il a souhaité concevoir une œuvre qui semble appartenir au site, comme si elle émergeait de la peau du sol. Ainsi, de loin, sa présence est quasi animale alors qu’elle devient végétale à l’approche. Le choix qu’il a fait ici de mêler du bois de récupération à de l’écorce naturelle accentue encore cet effet organique. En insufflant une nouvelle vie à ce que nous considérions jusqu’alors comme des déchets, il donne forme à l’idée même du cycle de la vie : naissance, développement, dépérissement, mort, renaissance. La forme en nœud dont les branches reviennent sur elles-mêmes évoque tout à la fois l’écosystème auto-fécond propre à la tourbière et la temporalité millénaire nécessaire pour que l’eau transforme la matière en cette “roche végétale“ qu’est la tourbe, rendant perceptibles deux phénomènes invisibles à l’œil nu. En contraste avec la Tour à Eau de Gilles Clément dont l’appareillage de pierre s’élève vers les cieux, Henrique Oliveira propose ici une œuvre à l’apparence plus fragile, horizontale, en écho au cours indolent de l’eau sur ce site aux caractéristiques paysagères et biologiques exceptionnelles.
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